Conseil : comment greffer ?

Dans le numéro précédent, nous avons partagé des conseils pour la taille des fruitiers, sur les conseils de Pierre Danilo, responsable de la section pomologie de la Société d’horticulture du pays de Redon (SHPR). Cette fois-ci, nous nous penchons sur la greffe des arbres fruitiers. Un moyen de conserver certaines variétés et d’en tester de nouvelles !

Greffe en couronne

Il y a deux périodes de greffage dans l’année : la première (que l’on appelle greffe de printemps) est réalisée généralement fin février-début mars, la seconde (que l’on nomme plutôt écussonnage) est effectuée l’été.
Pour savoir quand effectuer celle qui nous intéresse, et qui ne va pas tarder, un indice : détecter quand la sève commence à monter.
Le greffage sera réalisé rapidement, par temps calme, par absence de vent desséchant, de soleil trop fort, de crachin… « Et de préférence en lune montante, ça aide ! », souligne Pierre.

« Le plus important est de savoir où la sève circule », insiste Pierre. Les coupes seront franches pour que les deux parties (porte-greffe et greffon) soient bien en contact et que la greffe réussisse. Elles sont idéalement réalisées avec un outil bien affûté et désinfecté.

Préparation d'une greffe selon la méthode du "Chip Budding"
Préparation d'une greffe selon la méthode du "Chip Budding"

Comment choisir le porte-greffes ?

Greffons et portes-greffes devront appartenir à la même espèce (on ne greffe pas un cerisier sur un pommier !).
Pour les porte-greffes riches en moelle (cerisier, prunier…), il est préférable de ne pas fendre au milieu mais sur le côté.

Les greffons sont à récolter de bonne heure (janvier). Elles seront en retard de végétation par rapport au porte-greffe.
Ils sont à prélever dans les pousses de l’année, côté sud, partie supérieure d’un arbre sain, jeune, représentant bien la variété.
Ils sont soigneusement conservées dans du sable humide au nord d’un mur. Ils ne doivent ni desséchés, ni pourrir.

Chaque greffon doit comporter 2 à 3 "yeux" (ou bourgeons), pas plus.

Comment utiliser le mastic ?

Bien engluer toutes les plaies avec avec la pâte à greffer pour empêcher le desséchement, la pénétration de l’eau, des parasites.
Le mastic doit être au moment de l’emploi souple, élastique, collant. Certains sont à réchauffer (au bain-marie par exemple).

Attachez une branchette en haut de l’arbre (avec ficelle type raphia) afin d’éviter que les oiseaux se perchent sur le greffon au risque de le casser. La greffe reste très fragile, il faut la protéger.

Etiquettez correctement votre arbre greffé.

Après le greffage, pensez à couper la ligature (si ficelle synthétique) et à supprimer les pousses (rejets sous la greffe) du porte-greffe, à tuteurer ou pincer la pousse du greffon pour limiter la prise au vent.

L’hiver suivant, ne garder qu’un greffon, supprimez le 2ème (2 chances c’est mieux ! ; l’un a été mis à l’opposé de l’autre) pour éviter que plus tard, votre fruitier se divise en deux au bout de plusieurs années.

Pour la greffe d’été (ou écussonnage) et les greffes sous écorce (couronne, coulée… 2 exemples de type de greffe), le porte-greffe doit être bien en sève, l’écorce doit se décoller toute seule. En été, arrosez le porte-greffe quelques jours avant le greffage pour favoriser la montée de la sève.

Le matériel

Un bon greffeur est déjà quelqu’un avec de bons outils, c’est-à-dire des outils bien entretenus et bien aiguisés ! A commencer par un sécateur, 1 greffoir avec spatule (pour les greffes sous écorce), 1 serpette (pour parer les coupes et rendre bien nette la surface coupée à la scie), 1 forte lame (une serpette peut faire l’affaire) et un petit marteau (pour fendre), 1 tournevis à long manche (pour écarter), et enfin : de la pâte à greffer (prête à l’emploi que l’on trouve en jardinerie), raphia (naturel), une petite bouteille de désinfectant (alcool à 70°C, formol) (pour désinfecter les outils après une coupe dans le bois chancreux, un petit récipient d’eau (pour y mettre les greffons préparés et pour se mouiller les doigts avant d’appuyer sur le mastic).

Quand greffer ?

Janvier (1ère quinzaine) : kiwi
Février : fruitiers à noyau (cerisier, prunier…)
Mars : fruitiers à pépin (1ère quinzaine : poirier, aubépine, pommier fleur ; 2ème quinzaine : pommier)
Avril : fruitier à pépin (poirier, pommier), châtaignier
Mai : châtaignier (1ère quinzaine)
été : tout fruitier, rosier
Septembre : cerisier

Pour aller + loin :

Ateliers proposés par la SHPR. 5 € non-adhérent. marie-paule.perinel@wanadoo.fr, 06 76 34 40 70.

23 mars : greffage sur table

10 août : écussonnage

D’autres thèmes d’atelier sont proposés. Consultez l’agenda

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A retrouver dans le numéro de janvier février 2024

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