Compostelle : “Bien plus qu’un chemin”

Passionnée par les chemins de Compostelle, dont un des tracés traverse le pays de Redon, Anik Marin raconte son histoire très intime avec ce pèlerinage mythique. Entre quête personnelle, recherche de spiritualité et rencontres à foison.

Anik Marin lors de l'un de ses pèlerinages. Crédit photo : Anik Marin

En 2010, Anik n’était pas plus prête qu’une autre personne à s’aventurer sur les chemins de Compostelle. Mais, cette infirmière en psychiatrie -alors en activité- se laisse tenter. « On entend parler des chemins de Compostelle, alors, avec mon compagnon, on s’est dit : allons-y ! Il n’y avait pas de portée particulière pour moi, nous partions juste entamer un des chemins qui mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle ! »

La destination, capitale de la Galice qui est une région située au nord-ouest de l’Espagne, est un véritable mythe avec une aura spirituelle, religieuse pour certains. Pour Anik, rien de tout ça… jusqu’à la question que lui pose un pèlerin (c’est ainsi qu’on appelle communément un marcheur rejoignant cette ville Espagnole) dans une halte : « pourquoi Compostelle ? » « Je me suis mise à m’interroger… je me rendais bien compte que le chemin, les rencontres se soldaient souvent par des confidences de personnes que l’on ne connaissait pas et que l’on ne reverra pas. Peu à peu, j’ai découvert que le chemin n’était pas juste un chemin de randonnée. »

Avec d'autres membres de l'association Compostelle Bretagne, Anik participe au balisage des chemins comme ici la Voie des Capitales qui relie le Mont-Saint-Michel à Clisson et passe par Langon et Guémené-Penfao (Beslé-sur-Vilaine)

De retour chez elle, Anik vit une rupture amoureuse. « L’idée de poursuivre vers Compostelle m’est venue, raconte-t-elle pudiquement. Je suis partie seule cette fois-ci, comme pour faire le deuil de cette relation. Et là, c’est moi qui me suis mise à parler ! » 3 semaines de marche, depuis St-Jean-Pied-de-Port, sur le tracé appelé « Camino Frances » : « je ne pensais pas en être capable… »
Mais, de retour dans le pays de Redon pour reprendre son travail, c’est le drame. Son ex-compagnon met fin à ses jours.

"J'étais devenue une pèlerine"

« J’avais prévu de reprendre mon chemin, car je savais que j’étais déjà devenue une pèlerine en quête de sens, mais, j’étais trop peinée, je n’avais pas la force. Et puis un an après, je suis finalement repartie avec la ferme intention d’arriver au bout du chemin. 3 semaines de marche, seule. J’en ai versé des larmes… »

L’arrivée pour la première fois à Saint-Jacques-de-Compostelle représente un cap important pour Anik. Surtout dans ces conditions, surtout avec le déroulement de ces événements très personnels. Tout à fait étrangère à la religion (Anik se dit agnostique), la marcheuse devenue pèlerine va pourtant voir St-Jacques dans la cathédrale de la ville : « je me suis alors promise d’être heureuse dans ma vie ! »

Anik Marin lors de l'un de ses pèlerinages. Crédit photo : Anik Marin

Depuis 2010, les années ont passé et les chemins se sont multipliés. Celle qui est devenue entre temps retraitée a surtout découvert sa recette du bonheur : marcher seule (« marcher seul, c’est une grande liberté ! ») et se connecter à soi, aux autres et à la nature qui a pris une grande place dans sa vie. C’est ainsi qu’elle s’est reconvertie dans l’apiculture et qu’elle s’est découvert un goût pour la photo.

De retour chez elle, ses photos l’inspirent pour peindre des aquarelles. Des peintures différentes des natures mortes qu’elle réalisait avant, plus subjectives, plus engagées. Le fil du bonheur est infini : « j’ai eu envie ensuite d’écrire des pensées qui accompagnaient mes aquarelles ». Cela a pris la forme d’un livre auto-édité en 2024 et baptisé sobrement « Cheminement. Un carnet de voyage vers soi ». « C’était ma manière à moi de remercier ce chemin qui m’a aidée à prendre conscience d’une énergie intérieure et à savoir que j’étais capable de marcher dans la vie comme sur le chemin ».

Anik Marin expose ses aquarelles au café culturel la Bicoque à Redon du 14 mai au 4 juin (voir agenda)

Pour découvrir le travail d’Anik plus en profondeur : Facebook/encheminverslapeinture

Des questions sur le chemin de Compostelle ? Rendez-vous à une permanence de l’Association Bretonne des Amis de St Jacques de Compostelle (dont Anik est membre) au Couvent des Calvairiennes, 26 rue St-Michel, Redon. Dates dans l’agenda de Cactus, infos au 06 33 01 24 26 ou sur https://compostelle-bretagne.fr/

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A retrouver en version papier dans le numéro de mai-juin 2025

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