Voyage avec Solène dans le gallo !

Je ses mai Solène e je demeure côtë R’don !

Le ton est donné avec cette introduction ! Ici (dans le pays de Redon donc), vous êtes en terre gallèse et l’on y parle gallo. Le gallo serait pratiqué au quotidien par près de 200 000 personnes et compris par environ 400 000 personnes. Solène Loizance, enseignante à Langon, est l’une d’elles. Elle nous en dit plus… en gallo et français dans le texte.

Le gallo, avant d'être une langue, c'est une culture, un patrimoine. Le groupement culturel breton oeuvre pour la diffusion de cette cutlure tout au long de l'année. Comme ici, avec les stages « jeunes conteurs », organisés chaque année avec l’association Graine de Contes. Une restitution se fait le dimanche de la fête des fruits de l’automne et le dimanche de la Bogue pour certains. On n’y parle pas forcément gallo, mais ces stages visent à sensibiliser les jeunes à la pratique du conte, à s’intéresser au répertoire de contes traditionnels. Photo : Laëtitia Rouxel

Cactus : Solène, le gallo, vous êtes tombée dedans quand vous étiez petite ou est-ce une découverte, le fruit d’une curiosité ?

Solène : Cant qe je taes qeniao, mon grand-pere caozaet tenant galo, le galo de Pllechaté ! Le parlement-la me haitit terjou ! Meins ma grand-mere dizaet yelle qe ça taet du « patois », du maovaez françaez. De la secousse, je sonjaes q’i falaet pouint caozer le langaije-la !

(traduction en français) Quand j’étais petite, mon grand-père parlait tout le temps en gallo, à Pléchatel (Ille-et-Vilaine). Cette langue m’a toujours plu. Mais ma grand-mère disait que c’était du patois, du mauvais français. Donc, je pensais qu’il ne fallait pas parler comme ça !

Qeniao, ma grand-mere ouit ben des fais q’al caozit mal françaes.

(traduction en français) Petite, ma grand-mère a bien souvent entendu des adultes qui lui disait qu’elle parlait mal français.

Carte représentant les parties de la Bretagne où l'on parle / parlait plutôt gallo ou breton.

Galette saocisse et godinette

Guernuche a guernaille, je decouvris d’aotrs parlements de regions (berton, basqe, picard, normand…) e j’interluzis qe le gallo taet etout une vrai langue tout come d’aotrs en France, ao sa richesse qhulturelle : chanteries, danses, conteries, jouries, la vivature (galette saocisse, godinette !).

(traduction en français) Peu à peu, j’ai découvert d’autres langues régionales (le breton , le basque, le picard, le normand…), et j’ai compris que le gallo était une langue comme d’autres en France avec toute sa richesse culturelle : chants, danses, contes, jeux , spécialités culinaires (la galette saucisse ou la godinette !)

De la secousse, j’eus devocion d’aprendr le galo de mon grand-père (du paiz de R’don) a sour fin de caozer e d’ensegner le parlement-la.

(traduction en français) J’ai donc eu le projet d’apprendre le gallo de mon grand-père (du pays de Redon) afin de pouvoir le parler et l’enseigner.

Lors d'un "café gallo" à la médiathèque de Renac animé par Jean-Luc Laquittant, à l'accordéon. Photo : médiathèque de Renac

Cactus : A quel moment la pratiquez-vous ?

Solène : Anet, je ouais du galo qheuqes fais den les riguedaods, durant la Bogue… Je caoze galo o yun de mes freres, mes jens, ene consorte, de la coterie, ao « café gallo » les livreries de Rena e Saint-Just. En pus de ça, n-i a ene berouée de temp, je pus ouvraijer o un ajissant en galo den nos cllâsses, c’ét Jacky Sourdille q’il a nom. Je fis beleben de projits o li.

(traduction en français) Aujourd’hui, j’entends du gallo dans les fest-noz, pendant la Bogue… Je parle gallo avec un de mes frères, mes parents, une collègue, des copains, au café gallo des médiathèques de Renac et Saint-Just (1). En plus, il y a bien longtemps, j’ai pu travailler avec un intervenant en gallo dans nos classes, Jacky Sourdille. J’ai fait beaucoup de projets avec lui.

Cactus : Et vous voulez l’apprendre à vos élèves, c’est ça ?

Solène : N-i a deûz ans de temp, le rectorat de Bertègn e l’Institut du Galo perpôzirent ene formézon pour aprindr le galo. Sitôt, je m’enlistis a la fomézon-la. J’aprinz le galo o les formous e un souéton de cinq estaijieres durant uit semaines de derompe d’ecole e un coupl d’anées de temp.

(traduction en français) Il y a deux ans, le rectorat de Bretagne et l’Institut du Gallo ont proposé une formation pour apprendre le gallo. Aussitôt, je me suis inscrite pour apprendre le gallo pendant 8 semaines sur les vacances scolaires.

Solène Loizance et Simon Lozel pendant la formation à l'institut du Gallo

L’anée-li, j’ensegnis un petit cai de galo és ebluçons de ma cllâsse de l’ecole de Langon. L’an perchain, j’ensegnerë pus fort de galo den ma cllâsse.

(traduction en français) Cette année, j’ai enseigné un petit peu de gallo aux élèves de ma classe de l’école de Langon. L’an prochain, j’enseignerai plus de gallo dans ma classe.

Permier, j’eme beleben le galo raport qe c’ét vrai haitant, les menieres de dire e ditons sont vrae drôles…

(traduction en français) J’aime beaucoup le gallo parce que les expressions sont très drôles.

C’ét vrai conseqent de parlever le galo raport qe c’ét l’orine du langaije de Haot-Bertégn. Qheulle penelle d’adirë la richesse notr patrimouene qhultural !

(traduction en français) C’est très important de promouvoir le gallo car ce sont nos racines langagières de haute Bretagne. Quel dommage de perdre cette richesse de notre patrimoine culturel !

Du coup-la, je haopis le CinManivel pour avaer des fimes tournës en galo e l’an perchain, je tarvâillerë o le groupement qhultural pour amarer de cai pour les 50 ans de la Bogue en 2025 o ma cllâsse !

(traduction en français) Donc, j’ai appelé le Cinémanivel pour avoir des films en gallo et l’année prochaine, je travaillerai avec le Groupement culturel (breton des pays de Vilaine) pour préparer les 50 ans de la Bogue 2025 avec ma classe !

V’la le bout ! A la perchaine !

Le gallo est né de l’évolution du latin et fait partie de la famille des langues romanes et plus spécifiquement du groupe des langues d’oïl comme le français, le picard, le normand, le poitevin, le jerriais… Il est parlé dans la partie orientale de la Bretagne ou Pays Gallo, à l’est d’une ligne Plouha – presqu’île de Rhuys.

(1) Les cafés gallo ont lieu un mois sur deux dans les médiathèques de Renac et St-Just. Renseignez-vous !

Photo prise par Bertègn Galèzz

+ d’infos !

En septembre et octobre, c’est la fête du gallo en Bretagne, la Mil Goul.

A St-Just : une balade en calèche sera proposée pour aller à la découverte des sentiers et des histoires du pays gallo en compagnie de Calixe, conteur de renommée, et son compère le P’tit Cottin.

A Pipriac, après-midi chants et contes en gallo à l’Ehpad avec deux classes des écoles.

Programme précis en cliquant ICI ou sur www.bertegn-galezz.bzh

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A retrouver dans le numéro de juillet-août 2024

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