Quand devient-on addict ? Réponses du Dr Hicham Abdellaoui, addictologue à Redon

CSAPA
Le centre de soins (CSAPA) à Redon.

Cactus : A partir de quelle intensité d’utilisation peut-on dire qu’on est dépendant aux écrans ?

Dr Abdellaoui : Comme l’explique la définition de la dépendance, c ‘est le fait de ne pas pouvoir se passer d’un comportement ou d’une substance, avec un besoin irrépressible de « faire usage ». On remarque aussi dans ce cas que l’abstinence donne des effets négatifs physiques et/ou psychiques.

On peut passer jusqu’à 6 heures devant un écran sans être addict (au travail par exemple). Cependant, cette exposition devient inquiétante dès qu’il y a perte du contrôle du temps passé devant l’écran, un sentiment de vide ou de déprime une fois loin de l’écran, voir une agressivité s’il y a impossibilité d’y accéder. On peut constater une possible attitude de déni aux remarques de l’entourage et un désintérêt aux autres activités de la vie. On se met à fuir les relations et les responsabilités.

Cactus : Ecran, alcool, stupéfiants, etc… Les addictions peuvent prendre différentes formes, mais y a-t-il quelque chose en commun entre des addictions aussi différentes ?

Oui. Sur le plan de leur action physiologique, l’addiction a une action directe sur ce qu’on appelle le « circuit de la récompense », un circuit constitué par des cellules nerveuses cérébrales et qui sécrète de la dopamine, dite « hormone du plaisir ».
En effet pour des raisons différentes, les personnes addictes vont se retrouver à un moment dans un état de mal-être, qu’elles vont essayer de soigner par une consommation de substance ou un comportement permettant de libérer la dopamine.

Sur le plan des conséquences sur les consommations, on assiste à un développement des phénomènes d’accoutumance et de dépendance.

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Crédit photo : pexels.com

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Cactus : Vous exercez à Redon.Y a-t-il des médecins addictologues dans tous les » petits » hôpitaux et si non, pourquoi y en a-t-il un ici ?

La démographie médicale est en crise dans toute la France, de ce fait il n’y a effectivement pas de médecins addictologues dans tous les hôpitaux.
Sur Redon il n’y a pas qu’un médecin mais deux médecins à temps plein : moi et le Dr Panhaleux, et récemment, un 3ème médecin à temps partagé avec la psychiatrie, le Dr Gobrecht. Cet effectif doit son existence au projet ambitieux du Dr Panhaleux pour développer la filière d’addictologie dans la région, et au soutien de l’administration de l’hôpital Redon-Carentoir.

Le Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) est situé 3 rue de Galerne. 02 99 71 71 28 / secretariat.addictologie@ch-redon.fr

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A retrouver dans le numéro de novembre-décembre 2022

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