Simon Pondard chez les Barabaigs

Simon Pondard, originaire de Rieux, ne peut plus marcher à cause d’une maladie neuro-musculaire rare. Mais, à 35 ans, il a su convaincre un ami de le laisser partir avec lui à la rencontre de la tribu des Barabaigs en Tanzanie pour réaliser un film.

Simon Pondard
Simon avec Benjamin Ribeyre, guide de haute-montagne en pleine ascension du Mont Hanang. Crédit photo : Une roue sur les cimes

Cactus : Simon, comment t’es-tu retrouvé embarqué dans cette ascension du Mont Hanang, à près de 3 400m d’altitude ?

Simon Pondard : Ca fait 15 ans qu’on se connaît avec Jean-Marie Senand, qui est réalisateur de documentaires vidéo. Il est passionné par les peuples anciens qui vivent encore aujourd’hui à l’écart du monde moderne. Un jour, il m’apprend que pour son prochain film, il décide de partir en Afrique de l’Est, en Tanzanie, à la rencontre d’un des plus anciens peuples de l’humanité : les Datogas, et plus particulièrement la tribu des Barabaigs. Là, je me suis dit : je veux être de l’aventure !

Cactus : D’accord, mais pourquoi voulais-tu participer à tout prix à ce périple ?

Simon : Depuis toujours, on me restreint, on me dit que telle activité n’est pas possible pour moi. Que je ne peux pas accéder ici ou là. Que ce métier n’est pas compatible. Que cette entreprise n’est pas équipée. Que ce sport n’est pas adapté, car trop dangereux. Mais c’est de la connerie tout ça ! Je suis autonome dans mon quotidien et je me suis battu pour ça, ma famille m’a soutenu et a lutté pour me faire suivre un cursus complet. Aujourd’hui j’en suis là, on ne peut pas décider à ma place.

En s’unissant, on peut réaliser l’impossible, j’en suis certain !

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Cactus : Peux-tu nous dire comment tu vis justement ?

Simon : J’ai mon propre appartement à Nantes. Je travaille -beaucoup bénévolement…- dans le milieu culturel comme chargé de production, pour des festivals comme à Joué-sur-Erdre, au Hellfest ou avec la compagnie Royal de luxe. Ce début d’année, gros changement pour moi : je pars à Issoudun suivre une formation de régisseur de production pendant six mois.

Simon Pondard
Les porteurs se relaient pour pousser la joëlette dans laquelle est installé Simon. Crédit photo : Une roue sur les cimes

Cactus : Concrètement, comment vous êtes-vous organisés pour pouvoir partir en Tanzanie ?

Simon : Très vite, dès 2018, on entreprend un premier entraînement en joëlette, sur la neige, dans la Drôme, avec le soutien de l’association Buen’aventure qui est spécialisée dans ce type de randonnée. Une équipe d’une dizaine de personnes se constitue avec notamment un guide de haute-montagne, une médecin, l’équipe de tournage bien sûr autour du réalisateur et des porteurs qui pousseront la joëlette dans laquelle je serai.

Crédit photo : Jean-Marie Senand

Un moyen de se surpasser

Ce petit monde s’entraîne et apprend à se connaître au cours de randonnées de plus en plus techniques. Pour moi, tout ça est très nouveau, car j’avais pratiqué la joëlette mais sur du terrain plat au cours des randonnées qu’organise l’association de Rieux Handi’Mobile, et c’était la première fois que je montais dans un avion !

Echange grâce aux traductions d'Edouard, le guide du groupe, lui-même issu de la tribu des Barabaigs. Crédit photo : Une roue sur les cimes

Cactus : En prenant part au voyage, tu deviens en fait le sujet du film !

Simon : Je dirais plutôt que la découverte des Barabaigs s’est faite au travers de mes yeux. Ce que l’on souhaitait, c’est vraiment que le spectateur se fonde dans cette aventure et découvre par lui-même, à travers mon regard, les rencontres et leur environnement unique. Cette tribu est exceptionnelle et sa vision du monde est aux antipodes de la nôtre. Cette aventure était un moyen de nous surpasser. Le but était d’aller vers cette liberté hors du temps, hors des limites du corps, à la rencontre de ces peuples des origines pour parler avec eux en toute simplicité.

Découvrez l’aventure de Simon à travers le documentaire « Une roue sur les cimes » projetée le 21 janvier, à 20h à la salle du Grénith, Rieux.

5 € (gratuit moins de 14 ans)

Réservez votre place directement sur www.helloasso.com/associations/handi-mobile/ ou au 02 99 91 95 50

Une roue sur les cimes
Documentaire "Une roue sur les cimes"

Simon et le réalisateur proposent aussi depuis leur retour en France de vivre l’aventure de l’ascension de la montagne grâce à un casque de réalité virtuelle.

« Je suis déjà intervenu dans plusieurs structures comme à Kerpape à Lorient, explique Simon Pondard. En mettant ce casque, on peut partager ce qu’on a vécu sur le terrain. Cela permet aux personnes qui ont un handicap comme moi de se rendre compte qu’on peut faire plein de choses ! »

+ d’infos sur cette expérience ICI.

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A retrouver dans le numéro de janvier-février 2023

Cactus 498

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