Quartiers de vies… libres

La Compagnie Redonnaise Casus délires est obsédée par le 10. Ses prochaines productions artistiques prendront la forme de 10 spectacles, chacun étant joué 10 fois chez 10 habitants du quartier de Bellevue pour 10 personnes. Au-delà de ce festival Quartier libre, prévu initialement les 11 et 12 décembre et qui se tiendra finalement en octobre prochain, c’est toute une démarche participative et collective qui se développe dans le temps. La preuve : en attendant ce rendez-vous, un comité de programmation composé de Redonnais de Bellevue et habitants des alentours ont concocté un festival des Arts de rue à Bellevue : Quartier libre, le 12 juin. (Programme complet ci-dessous)

L’occasion de détailler le processus de création participative de la compagnie.

L'équipe de Casus délires interpelle les habitants lors d'un temps fort début juillet 2021.

Et si la matière d’un spectacle, c’était vous ? Votre histoire ou mieux, une parcelle de votre histoire, une anecdote, un souvenir ? Pour la deuxième fois, l’équipe de comédiens et de bénévoles de la Compagnie Casus délires s’est lancée dans cette aventure artistique peu ordinaire qui consiste à partir de bribes d’histoires personnelles pour imaginer et écrire des mini-spectacles.

Première étape : opération « glaneurs d’histoires ». Entre mars et juillet de l’année dernière, une quinzaine de bénévoles de la compagnie ont rencontré une quarantaine d’habitants du quartier de Bellevue.

Comment ?

« La compagnie a ses bureaux à la maison des associations depuis 2013, explique Marine Le Bohec, référente du projet. Au fil du temps, elle a pu nouer des relations avec des gens qui interviennent ou travaillent sur le quartier. Par exemple, Cyril, le gardien d’immeubles, une animatrice du Centre social, ou encore Hakin, animateur au Service jeunesse de la ville, nous ont aidé à rencontrer des habitants. Des binômes de bénévoles se sont aussi promenés dans le quartier et des rencontres spontanées ont pu se faire ainsi. »

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Un second temps de rencontre est généralement utile pour arriver à raconter quelque chose de personnel. De petites cartes sont alors souvent utilisées pour aider à faire jaillir une parole. (Voir photo ci-dessous)

Souvenirs d’enfance, récits de vie, épreuves aussi… sans oublier les histoires de chutes qui reviennent souvent dans la bouche des plus jeunes.

« C’est toujours drôle, émouvant, surprenant… », souligne Marine.

Pourquoi à Bellevue… sachant que tout le monde a potentiellement des histoires à raconter ?

« La compagnie y a son siège et a toujours eu envie d’y mener un projet qui permet, au-delà du processus de création lui-même, de partager la passion du spectacle vivant et faire venir le théâtre ici, explique Marine. Nous avons donc saisi l’opportunité d’un financement apporté par ce qui s’appelle la « Politique de la ville » pour concrétiser cette envie. »

Il n’en reste pas moins que le projet n’est pas de collecter en particulier des histoires de quartier. « En effet, tout individu a vécu des choses et a des choses à raconter. On va à la rencontre de personnes, pas d’habitants. »

Programme du festival le 12 juin 2022

1ère édition du festival d'arts de rue Quartier Libre, concocté par un collectif d'habitants.

Après le collectage vient le temps de trier toute cette matière. C’est l’opération des « façonneurs de mots ». Au cours d’ateliers regroupant des bénévoles, chaque participant raconte ce qui lui revient des échanges avec les habitants. « On s’amuse à associer des histoires ou on choisit une anecdote et puis on tire le fil… On extrapole. Tout ce qui a été collecté est de la matière très inspirante ! » Ensuite, en fonction de l’envie de chacun, certains scénarios seront écrits par des bénévoles eux-mêmes, sinon par Stéphane Adam, un des comédiens de Casus délires.

casus délires
Déambulation Pied en sol - début juillet 2021

La dernière étape de « fabrication » du festival consiste depuis la mi-octobre à répéter. Là encore, l’idée est d’ouvrir le plus possible aux habitants. Comme Martine et Delphine, arrivées dans le projet au hasard d’une rencontre avec Titouan, stagiaire à Casus délires. « A la base, je ne savais pas s’ils cherchaient du onde pour servir des cafés… et puis, finalement, je vais faire comédienne, même si j’ai peur de bafouiller », explique Delphine. 35 comédiens, tous amateurs comme elle, dont une moitié environ sera composée d’habitants, se relaieront pour jouer les 10 spectacles.

Informations pratiques Quartier libre

Contacts : 06 50 96 13 90 – marine.lebohec@casusdelires.com

Accueil : 17 rue de Bellevue, Redon

Article publié dans une version sensiblement différente dans le numéro de novembre-décembre 2021

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