Certains ont du mal à s’acheter de quoi manger varié et sain, d’autres considèrent les fruits et les légumes comme un luxe. Et puis, côté producteurs (et vendeurs aussi), des pertes sont à déplorer.
Alors, Emmanuel et une petite dizaine d’autres habitants se sont mis à glaner ces surplus pour les redistribuer.

Comme souvent ces dernières semaines, Emmanuel donne rendez-vous à ses camarades glaneurs le vendredi après-midi à la ferme de Cranhouët, à Théhillac. Ce jour, ils sont quatre : Florent, « CP », Louisette et Emmanuel, à l’initiative de ces opérations glanage.
« Nous venons récupérer des blettes et des poireaux avec l’accord des maraîchers, explique Emmanuel.
Une petite heure de travail plus tard, une caisse de poireaux, des choux-fleurs, des potirons, un cageot de blettes et un autre de pommes de terre et de carottes remplissent le coffre de la voiture de Florent. Car, et c’est toute l’idée de ce glanage, la récupération se fait dans un esprit de partage et d’entraide.
« On est repartis avec des légumes qu’on a ramassés nous-mêmes et les maraîchers qui nous ont ouvert leurs portes nous ont donné des légumes en échange du désherbage que l’on a effectué à la main sous leurs serres », précise Emmanuel.

La semaine suivante, c’est chez un maraîcher de Bains-sur-Oust que se rend la petite équipe. Encore des poireaux en perspectives.
« Notre idée est de collecter des surplus de production qui, s’ils ne sont pas récupérés, seront perdus pour tout le monde », raconte cet habitant de Saint-Nicolas-de-Redon.
« Il y a toujours de la perte, y compris chez les petits producteurs : des légumes qui sont abîmés, d’autres qui ne sont pas calibrés et donc pas vendables, ou encore en trop grande quantité ! »

Que devient le fruit du glanage ?
Les contacts avec des producteurs se multiplient, comme avec deux vendeurs du marché de Redon. L’équipe de glaneurs diversifie ces filières de distribution.
La première a été L’écrouvis, une association qui anime une recyclerie de matériaux (sauvés de la benne !) vendus à prix libre et qui est située Avenue Jean-Burel à St-Nicolas.
« Certains légumes ramassés sont directement distribués à l’équipe de bénévoles d’Ecrouvis et d’autres sont préparés car il y a une cuisine sur place.
Dernièrement, on a préparé du pesto de blettes. Une partie a été consommé par les bénévoles et les bocaux confectionnés ont été vendus à prix libre, l’argent récolté a aidé à payer l’essence des voitures utilisées pour aller glaner. »
Une économie vertueuse en somme
Autre mode de distribution de ce qui a été glané : une caisse pleine de légumes est régulièrement déposée près d’un dépôt de livres Place Duchesse Anne dans le centre de Redon.
A la Redonnerie (recyclerie généraliste), des légumes sont apportés aussi. Et un projet est en cours de discussion avec Le Parallèle, espace ressource pour les jeunes adultes du Pays de Redon situé rue Victor-Hugo.

Des « soupes populaires » ont aussi été expérimentées par l’équipe, notamment devant les halles de Redon en novembre dernier. Une opération de ce type a été organisée au marché de St-Nicolas-de-Redon le 25 février.
« Toutes les occasions sont saisies pour créer des moments conviviaux ouverts à tous, explique Emmanuel.
Des moments de partage, de solidarité, de lutte contre le gaspillage qui permettent de rendre accessible de bons produits à tous ! »

Parmi les idées qui fourmillent au sein de ce collectif, il y a l’idée de mutualiser un véhicule utilitaire avec d’autres groupes et associations pour faciliter les déplacements vers les lieux de récolte et pouvoir récupérer plus de produits.
Et puis, avec les beaux jours qui arrivent, Emmanuel imagine pouvoir avoir des contacts avec des particuliers qui ont un jardin et qui seraient contents de pouvoir avoir un peu d’aide pour l’entretenir en échange de leur surplus de fruits ou légumes.
Pour contacter le réseau de glanage : 06 37 37 06 02 ou glanage-pays-redon@riseup.net
Retrouvez cet article dans le numéro de mars-avril 2022
