Métier de Gaëlle : colportrice de poésie

Si Gaëlle avait suivi la route qu’elle a empruntée à la sortie du lycée, elle serait probablement chercheuse en droit. Mais, un déclic en a décidé autrement. Un déclic qui a provoqué une « déflagration intérieure », dit-elle.

Crédit photo : Compagnie C.O.I.

Cactus. Le pays de Redon, beaucoup y vivent (tout simplement), certains y transitent, d’autres y dorment (travailleurs en mobilité contrainte, levez-vous !), d’autres encore y arrivent par hasard et y sèment des petites graines… Toi, tes graines, ce sont des poèmes, des spectacles originaux…

Gaëlle. On peut dire ça comme ça ! J’imagine et écris des spectacles avec lesquels je tourne. J’en joue actuellement sept. Le tout dernier s’appelle « Le bureau des lecteurs perdus » que j’ai pu travailler en résidence à Fégréac. J’ai aussi conçu une « boîte de scène », qui est un drôle de photomaton avec une mini-scène. On y entre (maxi à 4 !) pour un spectacle de 7 minutes ! Les spectacles qui y sont joués sont des adaptations de livres jeunesse que je raconte à ma manière, que je mets en scène avec des objets divers…

Que cherches-tu le plus dans tes spectacles ?

Petit à petit, spectacle après spectacle, je me suis rendu compte que je tournais beaucoup autour de la question du rapport aux spectateurs. J’apprécie la relation directe que je peux avoir avec le public, ici et maintenant. J’aime pas trop ce « 4ème mur », celui qui sépare -par définition on pourrait dire- les acteurs et le public. Par la magie du mot, une personne est devant toi, quelque chose se crée.

Je peux prendre l’exemple de la « brigade d’intervention poétique ». Cela a beaucoup de sens pour moi car il s’agit de surgir à un moment, souvent dans une école, bien sûr avec l’accord des enseignants ! Mais, même eux ne savent pas à quelle heure précise je vais pousser la porte de leur classe. Pas de bonjour, juste ouvrir la bouche pour dire un poème. C’est tout. Tu repars… et puis tu reviens à un autre moment de la journée et ceci répété sur une semaine par exemple. C’est génial, parce que la surprise sert une parole vivante, qui s’adresse à tous (les enfants sont là, dans leur classe), qui parle directement aux émotions et, enfin, déclenche quelque chose… ou pas !

Ce fut un sacré changement de vie pour toi, de passer du droit à la poésie ?

Ah oui ! J’avais commencé une thèse en sociologie du droit (sur la question de l’accès au droit) à Paris et puis j’ai accompagné un ami à un cours de théâtre… Ca a été une vraie déflagration ! A 25 ans, j’ai tout changé : fini les études, terminé Paris.

Gaëlle Steinberg joue «La boîte de scène salon du livre jeunesse organisé par le Centre d’animation pédagogique, à la salle des fêtes de Tronjoly.

Je n’ai pas pris de cours, j’ai inventé mon propre parcours pour me consacrer au théâtre, surtout aux contes.

Et, il y a deux ans, tu es arrivée à Rieux ?

Oui, mais quand j’ai quitté Paris en 2004, je suis d’abord allée vivre dans le centre de la Bretagne. J’y ai trouvé un espace intérieur de création. Et puis j’ai eu envie de me rapprocher de grandes villes. Par des connaissances, des réseaux, j’avais entendu parler du pays de Redon, de dynamiques locales, notamment sur Peillac. Et cela s’est confirmé une fois arrivé.

C’est-à-dire ?

J’ai découvert l’équipe du Fauteuil à ressort. C’est un espace de bureaux partagés et de coworking ouvert depuis 2016 dans l’hyper-centre de Peillac. 70m2 dans lesquels 19 personnes travaillent et où neuf associations et entreprises sont domiciliées. Au-delà d’un espace de travail, c’est un lieu de rencontres. Mon dernier spectacle a été conçu avec certains collègues du Fauteuil d’ailleurs.

Actuellement, une réflexion est engagée avec la mairie pour développer un lieu complémentaire dans le bourg. Toujours dans un esprit collectif, qui nous permet d’impliquer tous les membres dans la gestion de l’association.

Le teaser du spectacle « 1, 2, 3 … famille » (Réalisation E. Vilo / Nomadic Motion)

Pour découvrir les spectacles et interventions proposées par Gaëlle Steinberg : http://gaelle-steinberg.net/ et la contacter : contact@gaelle-steinberg.net

En complément de l’article, Cactus a réalisé une petite interview (dans les conditions du direct) de Gaëlle le 1er avril 2020 pour prendre des nouvelles pendant la période de confinement qui impacte fortement les comédiens, artistes, techniciens du spectacle.

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