A Saint-Jean, on forme des décoratrices de faïence !

L’équipe de décoratrices de faïence à Saint-Jean-la-Poterie présente en mars dernier un nouveau décor de faïence. Nom de code : 802…

Cet article a été publié en septembre 2017.

A Saint-Jean, il existe une vieille tradition autour de la poterie. C’est pas pour rien que la commune s’appelle Saint-Jean-La-Poterie et que chaque année, la fête des Lises y est organisée ! Avant d’aller à Saint-Jean y assister ce week-end, rapide découverte du travail de décorateur (texte et photos publiés dans le numéro 2 de Cactus en janvier 2016).

Quelles sont les qualités requises ?

Difficile de dire que décorateur sur faïence est un métier d’avenir… Rares sont les faïenceries qui fonctionnent encore. Mais, à Saint-Jean, un atelier produit toujours des pièces qui sont décorées sur place et vendues. Il dépend de la Communauté de communes du Pays de Redon et permet de faire perdurer l’histoire et le savoir-faire local, qui remonterait au XIème. C’est aussi un lieu d’expérience pour huit personnes qui vont travailler sur leur projet professionnel pendant un an.

Photo : Lucie Mahé

L’ambiance y est studieuse. Première condition : être concentré. Rozene dit qu’elles sont comme en apnée. Le geste doit être précis et sûr. On s’en rend compte facilement quand on les voit dessiner un filet, c’est-à-dire une ligne circulaire autour d’une assiette par exemple. Le trait ne s’effectue pas à main levée. La pièce est posée au centre d’une tournette, un plateau tournant sur son axe. Le bras posé sur une planche fixé à une table, le décorateur peut appliquer son pinceau sur la pièce tout en tournant le plateau avec l’autre main. Chaque décor a une fiche de production qui donne les indications techniques. Voir photo ci-dessous :

La fiche de production qui correspond à chaque décor. Photo : Lucie Mahé

Décorateur, ça ne s’improvise pas ?

Au bout d’un mois, il serait possible de réaliser un décor. Bien sûr, ça dépend du décor : des fleurs, des oiseaux… La souplesse du poignet est très importante. Il y a même une des décoratrices qui parle du muscle du petit doigt ! Les pinceaux en poil de martre jouent pour beaucoup également, grâce à leur raideur et leur capacité à bien se charger en couleur.

Les pinceaux à leur place… Il n’y a plus qu’à ! Photo : Lucie Mahé

Quand on parle du métier de décorateur sur faïence, on peut penser qu’il s’agit d’un métier artistique. Mais pas forcément si l’on se réfère au passé. A l’époque de la manufacture, c’est-à-dire à partir des années 1950, il y avait ceux qui imaginaient des nouvelles décorations et puis il y avait ceux qui produisaient. Par exemple, un chef décorateur, Roland Belloche, a dessiné le « cœur rouge » ou « cœur de Saint-Jean », qui a été décliné dans plusieurs décors. C’est le fameux numéro 1651. Des milliers de décors ont été reproduits sur des pièces de toutes sortes. Le 4052 par exemple faisait partie des « classes riches », des productions réservées à une certaine clientèle. Plus le numéro était important, plus la pièce était cher. On peut voir tout ça en allant découvrir le Patiau, Centre d’art et d’histoire céramique situé dans le bourg de St-Jean-La-Poterie.

Une partie de la salle d’exposition du Patiau. Photo : Lucie Mahé

Comment c’était l’usine ?

Quand on entre dans l’atelier de décoration sur faïence de Saint-Jean-La-Poterie, on comprend vite que c’est pas l’usine. C’est marrant parce que, justement, avant, c’était une usine. Marie-Françoise Eveno est passée par là le matin de notre visite et elle nous a raconté : « En 1961, j’avais même pas 14 ans et je suis entrée à la décoration à la faïencerie, qui était située en bas du bourg. Dans l’atelier, on était une trentaine. Tous ceux qui arrêtaient leurs études allaient travailler à l’usine. Comme il y avait ça sur place, on allait pas chercher ailleurs ».

Marie-Françoise Eveno. Photo : Lucie Mahé

L’équipe de l’atelier de décoration n’a pas pour objectif de produire autant qu’à l’époque de l’usine. Comme pour Marie-Françoise, les ouvriers étaient payés en grande partie selon leur rendement et le type de pièces qu’ils avaient à décorer. Le système était assez complexe. « On disait entre nous qu’on était pas payés cher mais on rigolait bien ! »

Pour aller + loin :

1/Le Patiau, 2, rue du Calvaire, Saint-Jean. Mercredi, jeudi et vendredi 10h-12h et 13h-17h, samedi 14h30-17h30. Le Patiau organise des animations et des visites guidées sur l’histoire potière de la commune. Plus d’infos : 02 99 71 24 85 / www.lepatiau.com

2/En mars dernier, Cactus révélait en exclusivité mondiale un nouveau décor (le 802), sur le point d’être dévoilé… A lire ICI !

Le nouveau décor « 802 »… en partie.

3/Teaser de la fête des Lises :

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