C’est un sacré métier : facteur d’instruments de musique. Tour à tour mécanicien, musicien, menuisier… Un métier qui s’apprend surtout sur le terrain.
Entrez dans l’atelier Hervieux & Glet à Rieux et vous pénétrez un peu dans un univers de faux-semblant. Les concernant, on parle communément de lutherie, mais ils sont facteurs d’instruments de musique. Guéguerre d’experts ? Pas du tout : le luthier est celui qui fabrique des luths, et par extension des violons ; le facteur, terme plus générique, fabrique des instruments. Gilbert Hervieux, Olivier Glet (qui ont créé cet atelier en 1982) et Tudual (le fils de Gilbert) sont même spécialisés dans les instruments à vent à anche double, comme les bombardes, les binious et les cornemuses écossaises.
Musicien et… mécanicien
Autre découverte : vous croyez devoir parler tout bas, surtout ne pas déranger ces artisans d’art… En réalité, vous forcez la voix pour vous faire entendre. Enfin, si votre interlocuteur n’a pas de casque anti-bruit sur ses oreilles, ni vous de masque devant la bouche pour éviter de manger les poussières de bois toute la journée. L’atelier est rempli de machines, toutes plus surprenantes les unes que les autres. Comme celle-ci qui sert à percer -droit- le bois grâce à un foret à air comprimé : « elle était destinée à l’armement », explique Tudual.
Ou encore celle-ci, estampillée « Chicago USA » : « elle a tourné des obus pendant la seconde guerre ». On est loin de l’atelier d’artiste. Pour travailler ici, il faut être : 1/ passionné de musique, 2/ très bon connaisseur des matériaux utilisés et travaillés sur mesure (buis, bois de rose, corne de zébu, cuir, métal…), 3/… et pas mal mécanicien ! D’ailleurs, Tudual a passé un bac génie mécanique à Marcel-Callo (Redon) puis un BTS en productique mécanique à Rennes, avant d’aller dans une école de facture instrumentale spécialisée en clarinette en Angleterre.
Les machines sont réparées au sein de l’atelier. L’équipe a même les machines qui servent à fabriquer les pièces pour réparer. Un travail unique en somme, auquel on se forme surtout sur le tas. Mais pas que : Olivier Glet a appris dans les années 70 la fabrication des tuyaux d’orgues dans la manufacture «Renaud-Bouvet» de Nantes. De son côté, Gilbert Hervieux a eu un père et un frère menuisier à Saint-Vincent-sur-Oust, ce qui l’a sensibilisé au travail du bois. Quant à Tudual, il pratique la bombarde depuis ses 8 ans, type d’instruments auquel il voue une réelle passion : à force d’un travail d’inventaire sur les instruments anciens, il crée à son tour de nouveaux modèles.
Retrouvez le programme complet du Temps fort organisé par le réseau des médiathèques de la Communauté de Communes du Pays de Redon et consacré cette année aux Musique(s) sur : www.mediatheques.cc-pays-redon.fr
