Une musique incarnée

Mélanie Chauvel et Wenceslas Hervieux forment un couple sur scène comme dans la vie. A l’occasion de la sortie de leur premier album au cours de la Bogue fin octobre, ils partagent avec nous leur histoire de musiciens traditionnels et leur regard sur cette culture qu’ils ont chevillée au corps.

Cactus. Pour vous deux, présenter pendant le week-end de la Bogue (26 et 27 octobre) l’album que vous avez enregistré était une évidence…

Wenceslas. Oui ! Chacun des morceaux de l’album présente une danse, donc jouer le samedi soir de la Bogue est tout à fait adapté. C’est l’occasion bien sûr de présenter ce disque qui est également à écouter, pendant un fest noz… ou chez soi !

Que représente la Bogue pour vous deux ?

Mélanie. C’est tellement incontournable pour moi ! J’ai dû la louper une fois en 25 ans. Comme on dit, c’est le Noël des habitants !

En quoi est-ce un rendez-vous incontournable ?

Wenceslas. C’est un moteur incroyable pour la culture du pays de Redon ! S’il n’y avait pas eu des gens qui ont eu conscience dans les années 70 que la culture locale allait disparaître si l’on ne faisait rien, on n’en serait pas là. Personnellement, j’aurais peut-être fait autre chose… ou autrement.

C’est-à-dire ?

Wenceslas. Mes parents m’ont fait commencer la musique très jeune : dès mes 3 ans et demi, je prenais des cours de piano au Centre Culturel Ti Kendalc’h à St-Vincent où je suis né. A 9 ans, je jouais de l’orgue pendant la messe. Quand j’étais petit, je voyais les gens danser et chanter, c’était pour moi un simple divertissement, pas réellement de la « musique » dans le sens où les gens n’avaient pas appris à chanter ou danser. Il savait, c’est tout, comme la langue maternelle dont on s’imprègne et qu’on parle malgré nous.

Moi, c’est en accompagnant mon oncle, Gilbert Hervieux, musicien et facteur d’instruments (1), à un festival de maîtres-sonneurs (une rencontre de luthiers du monde entier) que j’ai pris conscience qu’on pouvait faire de la musique à l’oreille.

C’est à peu près au même moment qu’avec les copains qui chantaient en famille, pendant les repas de fête, on a commencé à jouer entre nous au cours de veillées. C’est bien parce que des acteurs de la culture populaire nous ont incité à chanter dans les festou-noz qu’on a créé le groupe Manglo (prononcez « moyo ») qui tourne depuis 25 ans…

Mélanie et Wenceslas. Crédit photo : Tudual Hervieux

Toi Mélanie, tu as choisi une autre voie professionnelle que la musique mais, comme Wenceslas, ce sont des rencontres qui t’ont réellement donné goût à pratiquer la musique ?

Mélanie. A 8 ans, mes parents m’ont inscrite à l’école de musique traditionnelle de Sel-de-Bretagne (on habitait à proximité). J’ai appris la flûte traversière et je me suis mise au chant à l’adolescence. Mon professeur, Charles Quimbert, était en lien avec Jean-Yves Bardoul (musicien du Pays de Redon -NDLR) et c’est comme ça que l’idée de former un groupe (Les surgeons) avec des jeunes de Bains-sur-Oust a émergé. Pour nous, la musique était vraiment très vivante dans le Pays de Redon, avec les concours, la Bogue… Je n’ai jamais arrêté de chanter depuis, beaucoup avec ma sœur Géraldine et aussi avec Wenceslas. Cet album, c’est un aboutissement ! Avec Wenceslas, on s’est rencontré grâce à la musique traditionnelle, sur les scènes de festoù-noz. Ensuite, on a fait des concours de duo.

Crédit photo : Tudual Hervieux

Comme le Groupement culturel avec la Bogue, vous associez traditionnel et création…

Mélanie. Wenceslas m’a beaucoup accompagné à l’accordéon. La première fois qu’on a présenté notre formule voix-piano en fest-noz, c’était au Festival Fisel à Rostrenen. Par la suite, dans cette même configuration, on a été primé à Monterfil et à la Bogue d’Or et en 2015. L’album qui sort fin octobre est constitué de chansons qui proviennent pour la plupart de deux répertoires trouvés par le frère d’Albert Poulain, Henri, et du répertoire collecté à Renac chez la famille Hochard. Les arrangements pour piano ont été composés par Wenceslas.

Cela donne un son inédit en fest-noz.

Toi, Wenceslas, tu as toujours été novateur dans ta musique…

Wenceslas. C’est vrai que, pianiste de formation, je me suis mis à jouer de l’accordéon à touches piano en en achetant un lors d’un voyage en Hongrie. A mon retour dans le pays de Redon, on m’a proposé d’en jouer dans plusieurs groupes. En 1994, il y avait un engouement pour la musique des Balkans.

Avec Manglo, on est plus sur un registre purement traditionnel. On joue en fest-noz comme on joue à la maison, on chante comme on est. Il y a un côté brut. En parallèle, je joue beaucoup avec des comédiens, avec la compagnie Casus délires et le spectacle « Qu’est-ce ? » et bientôt je compose pour le nouveau spectacle « Papic » de la Drolatic industry (2)

(1)Voir l’article dans le n°4 de Cactus.

(2)Le spectacle « Papic » sera présenté le 9 novembre au Canal-Théâtre de Redon.

A noter

Cliquez sur l’image si vous souhaitez acheter l’album avant sa sortie officielle.

L’album « Dis-moi oui ou dis-moi non » est en souscription à 10€ jusqu’à sa sortie officielle le 26 octobre. Ensuite, il sera vendu 15€. En l’achetant avant sa sortie, vous apportez votre soutien aux artistes !

Règlement à envoyer à : Association Tradi–Woogie, Rhunes 35660 Renac

Contact : facebook.com/ChauvelHervieux

Partagez cet article :