Pêcheur et vigie

Les marais, vous connaissez ? Christophe oui ! Depuis ses 10 ans, il les parcourt très régulièrement à bord de son petit bateau. Il pratique la pêche aux engins. En relation avec la nature, il est un observateur de son état et de son évolution. Embarquement immédiat !

 

Il est 17h bien sonnés quand nous nous retrouvons au port de Glénac. Le temps de descendre de la remorque le petit bateau de Christophe, de démarrer le moteur et hop, c’est parti ! Direction le plus ancien bras de l’Aff. Le mortier de Glénac (mortier pour parler d’une grande étendue d’eau) croise les rivières de l’Aff et de l’Oust.

 

Christophe s’aide d’une perche pour avancer dans un vieux bras de l’Aff

 

Il s’agit d’atteindre la première « anguillère » que Christophe a posée il y a trois jours (certains utilisent le mot de bosselle). Comme son nom l’indique, cet engin de pêche est conçu pour attraper des… anguilles. Le sujet de la raréfaction de ce poisson est ô combien débattu sur les rives des marais de Vilaine (et d’ailleurs). On pointe communément le barrage d’Arzal, mis en service il y a bientôt 50 ans, qui bloque la remontée des civelles, sans parler des écosystèmes qui ont évolué. Alors, oui, les volumes que les pêcheurs du Pays de Redon attrappaient avant n’ont plus rien à voir avec la pêche actuelle, mais on trouve encore des anguilles.

 

1ère anguillère remontée…

 

« Regarde ici, une veine partait de la rivière et allait vers l’église de Glénac, explique Christophe. Mais, ce type de petits bras d’eau est désormais bouché, à cause de la végétation qui s’étend, de la jussie notamment, et du manque d’entretien… Quand j’ai commencé à pêcher, c’était des endroits à poissons mais ils n’y vont plus. »

Il a bien changé le marais depuis les 10 ans de Christophe, l’âge auquel il a commencé à pêcher. La jussie n’avait pas encore envahi les marais. Cette plante exotique est apparue au début des années 90. « Je connais plusieurs endroits qui étaient incroyables il y a encore 10 ans, comme le mortier de Saint-Vincent-sur-Oust ! On y trouvait une biodiversité remarquable. Mais désormais, ces zones périclitent avec l’avancée de la jussie… »

 

Des tas de jussie dans le mortier de Glénac

 

Sans relâche, Christophe fait partie de la petite trentaine de personnes qui renouvellent leur licence de pêche à engins sur Glénac. Et malgré les constats alarmistes, il continue de sillonner le marais avec émerveillement. Gare au torticolis pour le visiteur : à droite, un couple de cygnes avec ces petits ; derrière, une famille de ragondins (autres nuisibles fameux des marais !) qui a trouvé refuge sur un petit monticule de terre ; au bord du bateau, des centaines d’alevins ; à gauche, un des trois couples de busards des roseaux que Christophe a découvert…

 

Oh la belle écrevisse !

 

Il faut avoir un oeil averti pour repérer au milieu des arbustes et des herbes la petite branche qui signale la présence d’anguillère. Parfois, Christophe doit chausser des lunettes polarisantes pour arriver à voir à travers le reflet de l’eau trouble. Mieux vaut être équipé un minimum pour relever plusieurs fois par semaine les 9 anguillères qu’il a droit de mettre à l’eau : 3 par licence, chaque licence couvrant une zone des marais.

Tout est réglementé dans la pêche aux engins. Mais, les marais restent une parenthèse de liberté que Christophe n’abandonnerait pour rien au monde. « On n’est pas bien là ?! »

 

 

Retrouvez également cet article dans le N° de juillet-août 2019 de Cactus-pays de Redon :

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