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FC Nantes VS Stade Rennais : un vrai sujet !

Chacun sait que lors d’un repas de famille, surtout vers la fin, il y a des sujets qu’il est préférable de ne pas aborder : la politique, l’héritage de la tante Lucienne, le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes ou encore les fonctionnaires, surtout si autour de la table vous avez un agent du service public.

canaris
Un grand merci au dessinateur Nono pour l’illustration de cette chronique de Jacques Quinton !

Chez nous avec ma belle famille et plus particulièrement avec Roger, mon beau-frère, dans notre beau Pays de Redon, il y en a un autre qu’il faut surtout éviter après le gigot du dimanche et avant la tarte aux pommes, ce sont les performances réciproques du FC Nantes et du Stade Rennais. Dans ce cas, vous encourez le risque de voir naître un conflit type Longevernes et Velran dans « La guerre des boutons » ou Capulet et Montaigu, avec Roméo et Juliette. Les noms d’oiseaux, dans le meilleur des cas, appuieront l’artillerie légère et progressivement le vocabulaire lié à certaines orientations sexuelles pilonnera le camp adverse. Arrivé à un certain stade, adieu la finesse et le fair-play.

Que voulez- vous, c’est comme ça !

Roger est un authentique supporter des Canaris. Il raconte, souvent entre le fromage et le Côte de Bourg qu’il faut bien terminer, son premier match de Nantes alors en deuxième division. C’était dans les années cinquante. Il avait cinq ou six ans. Son père, Louis, ses oncles et lui, en costume du dimanche, étaient partis dès dix heures du matin de Saint Nicolas, à six à bord de leur Simca, modèle Aronde. A l’affiche, à 15 heures, Nantes-Angers au stade Makakoff à Nantes, en ce temps là, chef lieu de la Loire-Inférieure. Victoire 4 à 2. Roger, comme il dit, avait ce jour là, chopé le virus. Maladie sans conséquences trop graves qu’il saura transmettre à ses enfants et à ses petits-enfants, licenciés en pupilles au FCAV.

Moi, pas en reste, inconditionnel du Stade Rennais, je reprends pour la énième fois ma première venue au stade de la route de Lorient. Match de seconde division aussi. Rennes-Béziers, 10 à 1. Pinat dans les buts, Caeiro comme avant-centre. Je n’ai pas vu tous les buts. Trop petit dans des gradins où tout le monde se tenait debout autour de moi. Mais qu’importe le plaisir était là entre les annonces publicitaires « Valentin, le roi du caoutchouc », la chanson de Dassary à la gloire du sport et la liesse des supporters.

Le problème, c’est que dans ce conflit armé, chaque camp a de nombreux renforts puisque tous ont été biberonnés aux exploits respectifs des deux équipes. C’est comme la pêche, on y prend goût jeune. Les épouses, sœurs, nièces et cousines, n’hésitant pas à prendre parti avec quelques tacles perfides, soufflent sur les braises. Seule Mamie Paulette, 92 ans se tient hors du terrain; elle a su, à temps, débrancher ses prothèses auditives.

Les jeunes vont même jusqu’à sortir écharpes et fanions. Les Canaris ont l’avantage. Ils sont chez eux à Saint Nicolas. Attention au match retour !

– Votre palmarès, c’est quoi exactement ? Pour nous, c’est huit titres de champions de France et trois coupes de France.

– C’est vrai, mais depuis quinze ans, vous ne faites plus grand-chose, vous êtes même retombés en D2 de 2007 à 2013. Et l’année dernière, on vous a battu deux fois. Ce qui compte, c’est le présent.

– En plus, bonjour l’ambiance au Stade Rennais. Nous, on a un super kop.

– Oui, mais pas beaucoup d’identité dans tout cela. Nous, on a «  Galette saucisse » et une vraie ambiance bretonne.

– Parlons-en ! Vous chantez un hymne dans une langue que vous ne comprenez pas. Ils sont obligés de mettre les paroles sur un prompteur. Vous avez l’air malin. Et, on est tout autant bretons que vous.

La grand-mère qui se réveille et semble avoir remis ses « oreilles ».

– Y a combien de Bertons sur le terrain ?

– Heu… Deux ou trois, peut être quatre en tout dans les deux équipes.

-De mon temps, quand j’étais jeune, ils étaient tous du coin. Alors, arrêtez vos bêtises.

-Les temps ont changé Mémé. Le foot, ce n’est plus tout à fait la même chose, c’est du business maintenant.

-Bizness ou pas bizness, qu’est-ce que tout cela change à vos vies de regarder 22 bounoumes courir après un ballon et se sauter tous dessus quand y ont marqué un but.

-Mais Mémé ça nous donne bien du plaisir et puis surtout ça nous fait causer. Pendant, ce temps là, on oublie nos petits et nos gros tracas.

PS : Cette année le derby a eu lieu pendant la Teillouse. Vous connaissez le résultat. Moi, pas. Une certitude, la moitié de nos protagonistes sera contente… A moins d’un match nul.

Jacques Quinton