Un centre de santé a ouvert en mai à Langon. Un centre associatif -le 1er du genre en France- où on ne parle pas de « patients » mais de « personnes accompagnées ». Allons voir.
Cactus : Ici, on parle de « centre de santé communautaire ». Pourquoi ?
Klervi Guinemer (une des trois médecin généralistes) : Notre centre est communautaire car il est lié au territoire de Langon et ses proches environs, à son histoire, à ses habitants. Il y a six ans, quand nous avons commencé la réflexion puis les permanences pour associer les habitants, nous avons établi un diagnostic, comme une enquête locale sur la problématique de la santé dans un sens très large, qui tient compte de l’environnement social et économique. Pour nous, le fait par exemple qu’il y ait une dynamique associative forte était très intéressante car cela allait nous permettre d’associer des habitants. Ce sont eux dorénavant qui siègent au conseil d’administration de l’association SenS. (Sentiers en Santé) créée en 2020.
En étant bien ancré sur ce territoire, nous avons aussi pu identifier le problème de l’isolement social. Très important encore, car, être ou ne pas être entouré a des conséquences sur sa santé.
Cactus : Concrètement, ça se passe comment ? On prend rendez-vous sur Doctolib en espérant qu’il y ait des créneaux de disponibles ?
Klervi Guinemer : Non, on fonctionne différemment. On met un point d’honneur à accueillir, physiquement, avec en permanence une des deux accueillantes ou une des 6 autres salariées du centre qui reçoit les personnes, ou au téléphone. L’accueil, pour nous, c’est la première porte vers le soin.
Quand on accueille les personnes, on va les écouter et pouvoir les aider. De la même manière, lors d’une consultation, le médecin peut aussi identifier une question (un problème de logement, l’absence de complémentaire santé…) qui nécessite un accompagnement social. Quelque soit notre fonction au centre, notre attention est d’avoir un regard large sur la personne, pas limité au médical.
Cactus : Au-delà d’un centre où l’on propose des soins médicaux, ici, c’est un lieu de vie. Enfin, c’est l’idée ?
Charlotte Billaud (une des deux accompagnatrices sociales) : C’est tout à fait ça. L’idée, c’est que même si on ne peut pas voir un des médecins ou l’orthophoniste, il y ait toujours quelqu’un à qui parler pour pouvoir trouver des solutions à tel besoin. D’où aussi l’espace d’accueil qui se veut convivial, chaleureux, avec une bibliothèque et de la documentation, un puzzle collectif (certains habitants viennent juste y jouer d’ailleurs !) et un ordinateur sur lequel on peut venir faire des démarches ou des recherches…
Des activités et des ateliers sont également proposés et organisés par des bénévoles de l’association ou d’autres habitants. (Voir ci-dessous)
Cactus : Le centre a quand même bien été ouvert pour répondre à des besoins de prise en charge ?
Klervi Guinemer : Oui, le projet du centre a été validé par l’Agence régionale de santé, et c’est bien ce que nous faisons : nous oeuvrons à l’amélioration de la prise en charge de proximité des habitants en identifiant les besoins en santé et en proposant un accompagnement à la fois sanitaire et social… et dans un cadre collectif, c’est important à préciser. En tant que médecin, j’aurais pu m’installer en libéral bien sûr, mais je ne pense pas que l’accompagnement qui est ainsi proposé ne soit optimal. Notre organisation collective aide à avoir un accompagnement plus doux.
Cactus : Le centre est ouvert à qui ?
Klervi Guinemer : Il est ouvert à tous. Le secteur de Langon et les communes limitrophes est un désert médical, les gens viennent donc à nous facilement. Nous avons défini des critères, qui peuvent évoluer puisque nous sommes encore en période de démarrage. Nous accueillons donc les personnes sans médecin traitant et sur un périmètre de 12 km (ou 12 minutes) autour de Langon, sauf les communes où exerce déjà un médecin.
Sauf cas particulier, il faut habiter dans les douze minutes en voiture du centre de santé et ne pas avoir déjà de médecin traitant. Les situations particulières sont discutées en équipe au cas par cas.
Pour l’orthophoniste, c’est plus souple.
Un programme défini collectivement
En octobre, des navettes jusqu’à Redon le lundi (jour de marché) étaient organisées grâce à un véhicule de la mairie. Le 7 novembre, un atelier marche (douce) était inauguré. Et le 21 novembre, un atelier cuisine. Un atelier pour créer un jardin collectif était alors en projet, comme des ateliers « santé mentale et addiction » ou sur le numérique.
« Les ateliers sont animées à la fois par des bénévoles et des salariés », souligne Charlotte Billaud.
Contact : SenS, 37 Grande-Rue à Langon. 02 57 94 02 16.
Ouvert les lundi, mercredi et vendredi : 8h30 – 12h30 et 13h45 – 18h30. Le mardi : 8h30 – 12h30 et 16h45 – 18h30. Le jeudi : 8h30 – 12h30 – 15h45 – 18h30. Le samedi (uniquement sur rdv ou urgence) : 8h45 – 12h15.
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A retrouver dans le numéro de novembre-décembre 2024