Jean-Lug Buytaert est arrivé à Redon en 1968. Il partage quelques-unes des nombreuses photos qu’il a prise notamment avec son premier appareil photo acheté en 1980. Des diapos re-photographiées avec son appareil numérique.
Cet ancien journaliste a accepté de commenter quelques-unes de ces photos et de partager quelques-uns de ses souvenirs.
« J’ai fréquenté le collège et le lycée de Beaumont d’où j’ai été viré.
Au collège Beaumont quand je suis arrivé, j’ai failli avoir un problème. Auparavant nous habitions à Rennes et j’avais pris l’allemand en première langue. Or, à Beaumont, en première langue il n’y avait pas d’allemand. Ma mère m’avait averti que j’allais devoir être ou pensionnaire ou apprendre l’anglais en accéléré. Aucune des deux possibilités ne me plaisait. À la rentrée scolaire en septembre 1968, un autre néo Redonnais comme moi dont le père travaillait à la gare de Redon avait appris l’allemand en première langue. Si nous avons pu poursuivre l’apprentissage de la langue de Goethe en 5ème, c’est grâce à l’arrivée d’un troisième camarade dont le père venait d’être nommé au lycée.
Nous étions donc trois en classe. J’étais le plus mauvais, mais j’étais au-dessus de la moyenne. En fin de seconde, sur mon bulletin de notes avait été écrit : « chute très grave ». Pas question d’aller en 1ère ! « Vie active ». J’ai poursuivi mes études tout seul. Comme quoi rien n’est figé dans la vie… mais 1973 n’est pas 2020. »
Après avoir débuté ma carrière de journaliste à Ouest-France, j’ai poursuivi aux Nouvelles rachetées par Les Infos de La Gacilly, hebdomadaire créé par Yves Rocher en mars 1989.
Jean-Lug
« Quand j’ai démarré ma carrière de journaliste, j’étais « assistant temporaire de rédaction » (de novembre 1982 à janvier 1985). Je remplaçais le journaliste seul en poste lors de ses week-ends principalement et ses congés.
J’ai définitivement quitté Redon en 1996 pour raisons professionnelles. J’ai été journaliste jusqu’en juin 2019. J’ai fini ma carrière au journal Le Midi-Libre à Bagnols-sur-Cèze (Gard). Aujourd’hui, j’habite un village à côté. »
« Hormis la foire Teillouse qui drainait les habitants du pays de Redon et sans doute de plus loin, Redon m’a toujours semblé être une ville moyenne animée. Certes pas comparable aux métropoles régionales que sont Rennes et Nantes, ni même Vannes.
« Si l’aménagement du passage souterrain a été un grand chantier nocturne de la SNCF (RFF n’existait pas l’époque), il n’a pas trop « cassé » ou séparé la ville en deux. Il l’a balafré c’est une évidence. Mais la municipalité d’alors et les suivantes ont toujours cherché à faire vivre ce lieu. Le marché hebdomadaire du lundi en constitue un bel exemple. Sans oublier les manifestations culturelles ponctuelles et autres manifestations, qu’elles soient politiques, syndicales et/ou revendicatives. »
Cactus : Ce qui frappe notamment, c’est la présence d’entreprise qu’on ne pourrait plus voir aujourd’hui dans un centre-ville. Vous évoquez le magasin Janik, qui est au moment de la photo prise ci-dessus (sur la droite) un magasin de jouets et qui était auparavant une entreprise de matériel agricole avec son atelier de réparation au fond…
Jean-Lug : « Des entreprises en centre-ville, c’est effectivement fini. Du moins la tendance ne va pas dans ce sens. À Beaucaire (Gard) où j’ai travaillé, à proximité de son centre-ville, se trouve toujours l’usine d’embouteillage Moncigale du groupe Marie Brizard Wines. Redon accueille quand même l’usine des briquets Bic.
« Quand j’étais à Redon, la ville bougeait. Ce qui ne signifie pas que c’était tous les jours. Le mardi par exemple, les rues étaient vides parce que les commerçants étaient fermés.
« Aujourd’hui son centre-ville souffre. Comme ailleurs. J’ai travaillé à Bagnols-sur-Cèze jusqu’à l’an dernier, une commune de 18 000 habitants qui n’est pas mieux lotie. Redon a la chance d’avoir encore des habitants dans son coeur de ville. Je n’ai pas remarqué, quand je suis passé la dernière fois à Redon, de squats ni de logements insalubres dans les rues perpendiculaires ni même adjacentes. Après je n’y vis pas, donc ce n’est qu’une observation rapide.
« Par ailleurs pour une ville qui compte maintenant moins de 10 000 habitants, je trouve qu’elle est bien fournie en grandes enseignes. Notamment à sa sortie, direction Rennes. Je me souviens du garage Renault qui était en rase campagne ! Et j’avais un copain, dont les parents habitaient une maison aujourd’hui démolie rue Albert-Vibert remplacée par une moyenne surface. La limite commerciale de Redon dans cette direction de Rennes c’était pour moi le magasin de motos Le P’tit Bolide… »
« Redon a un long passé de matériel agricole. Garnier était un fleuron dans ce domaine, même si cela peut paraître étonnant de le lire. Dans le Gard, j’ai rencontré des agriculteurs et même des viticulteurs qui faisaient l’association Redon – Garnier. « Du bon matériel », je l’ai entendu deux ou trois fois. »
Qui dit Redon, dit inondation…
Une image d’Epinal que vous avez prise de nombreuses fois j’imagine ?
« Le premier logement que nous avions occupé à Redon avec mes parents, ma soeur et mon frère, était situé rue du Port. La cave donnait sur le quai Duguay-Trouin. Nous n’étions pas resté longtemps et nous n’avions pas été inondés. Mais je n’avais jamais vu d’inondations avant d’habiter Redon. Et comme Redon est une ville d’eau, avec la Vilaine, le bassin à flots (le port), les inondations m’avaient marquées. »
« Je dois avouer que j’ai connu pire. Les inondations des 8 et 9 septembre 2002 dans le Gard. 22 morts et 299 communes sur 353 sinistrées. Avec des confrères de l’hebdomadaire de La Semaine de Nîmes, nous avons parcouru le département en allant à la rencontre des habitants sinistrés. Un reportage qui m’a cassé moralement. J’ai mis plusieurs jours à m’en remettre. Parce que lorsque vous rencontrez à longueur de journées (nous avons dû effectuer des reportages sur deux, voire trois jours) des gens qui ont tout perdu, les jouets dehors, les meubles, les femmes qui pleurent, les hommes désespérés parce qu’ils se sont endettés jusqu’au coup.. Ils ont tout perdu et ne savent pas s’ils vont pouvoir pourvoir continuer à vivre là, savoir si les assurances vont rembourser les dégâts et à quel montant car les papiers, les factures sont partis… c’est déprimant. »
« Depuis un an je suis retraité. Mais les inondations, j’en ai connues encore à Bagnols en raison d’épisodes Cévenols car la rivière Cèze qui se jette dans le Rhône, est sujette aux crues en raison de ces phénomènes. »
Merci Jean-Lug pour ces photos et ces souvenirs personnels.