You are currently viewing « C’est l’emploi qui manque, pas le travail ! »

« C’est l’emploi qui manque, pas le travail ! »

C’est une expérimentation, qui débute bien. « Territoire zéro chômeur de longue durée » s’est concrétisé il y a un an à Pipriac et Saint-Ganton. Explications avec Denis Prost.

 

Cactus : Denis, tu es à l’initiative du projet « Territoire zéro chômeur de longue durée » qui s’est concrétisé il y a un an à Pipriac et Saint-Ganton. Tu peux nous expliquer brièvement en quoi il consiste ?

Denis : Le but est de permettre à toutes les personnes privées d’emploi depuis plus d’un an et habitant Pipriac et Saint-Ganton d’occuper un emploi en CDI pour faire toutes sortes de travaux utiles sur le territoire. On veut montrer qu’il y a assez de choses utiles à faire pour faire travailler tout le monde. L’idée, c’est que ce n’est pas le travail qui manque, ni la volonté des personnes de travailler.

Ca veut dire que les personnes sont embauchées ?

Oui, elles sont embauchées par une entreprise qu’on a créée, TEZEA. Elle a la particularité de recruter sans sélection : elle doit embaucher toutes les personnes qui lui sont présentées et trouver pour chacune un travail qui lui correspond. Un énorme défi !

Nous avons déjà recruté 46 personnes sur les 85 personnes qui pourraient être concernées a priori. Elles assurent la sécurité aux abords des écoles et le nettoyage intérieur de voiture, font fonctionner une épicerie ambulante, nettoient des panneaux de signalisation, collectent des dépôts sauvages, développement la recyclerie de Pipriac (le CPIE Val de Vilaine l’a transférée à TEZEA), etc…

Ce sont des missions utiles tout ça !

Oui ! On est en train de vérifier que ce n’est vraiment pas le travail utile qui manque. Le problème est que l’économie telle qu’elle fonctionne n’est pas capable de transformer en emploi tout ce travail, car il n’est pas assez rentable pour que des entreprises ordinaires s’y retrouvent financièrement. Nous, nous pouvons le faire car nous récupérons le coût du chômage de longue durée pour financer en partie ces emplois, et nous avons donc besoin de gagner moins d’argent. C’est toute l’originalité de cette expérimentation.

L’idée de base du projet est de mettre en place un mécanisme pour transformer tout ce travail utile (qui est quasiment infini) en emploi sans surcoût pour la collectivité.

 

Reportage diffusé sur Arte le 16 mars 2017

 

Pourquoi à Pipriac et pas dans tout le Pays de Redon, parce que des personnes au chômage depuis plus d’un an (c’est la définition du chômage de longue durée), il y en a partout, non ?

La logique de ce projet ne peut marcher que sur des micro-territoires. Le Pays de Redon, c’était une échelle trop grande. Pourquoi ? Parce qu’il faut être à une échelle où on peut maîtriser les questions de concurrence. Ce qui justifie qu’on touche l’équivalent du coût du chômage de longue durée, c’est qu’on crée vraiment des emplois supplémentaires pour faire des choses nouvelles. Si on va prendre le travail du voisin, on crée un emploi en en détruisant un autre à côté, ça ne fait pas reculer le chômage, il n’y a aucune raison qu’on récupère ce qu’il coûte. Or, pour s’assurer que le travail qu’on fait est bien nouveau, il faut être à une échelle où on peut facilement connaître toutes les entreprises et ce qu’elles font, dialoguer avec elles pour vérifier qu’on ne va pas empiéter sur leur activité.

Merci Denis pour ces explications !

Article paru dans le N°18 de Cactus (Novembre-décembre 2017)

Vous pouvez apporter votre soutien à ce dispositif expérimental en contribuant financièrement via une plate-forme de financement participatif (limite 20/1/2018) :

https://www.helloasso.com/associations/entreprendre-pour-la-solidarite-e-p-l-s/collectes/tezea/