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Photo Lucie Mahé

Etre sur scène … pour dire quoi ?

Une envie (s’exprimer), un talent (arriver à jouer la comédie), de l’énergie à donner… Les jeunes membres de la troupe Ado de la Fédé organisent le festival des troupes de jeunes du Pays de Redon, TouSENScène. En avant-première, ils commentent des passages de Forfanteries, la pièce d’Olivier Coyette, une pièce sur le sens du théâtre, en mode décalé comme on aime, une succession de scènes courtes : deux comédiens répétant une scène de maître et valet, une tragédienne et ses envolées lyriques, un groupe d’acteurs discutant d’art, un commentateur sportif suivant en direct une représentation, un metteur en scène monologuant…

Photo Lucie Mahé
Photo Lucie Mahé

Sens opposé ?

Gabin : Le texte que nous avons mis en scène montre deux personnes qui s’extasient devant une pièce. Elles sont persuadées de l’avoir comprise, parlent de leur ressenti de manière démesurée et de leur explication des plus alambiquées… Cette scène caricature la manie que les gens ont de toujours vouloir donner un sens au théâtre… quitte à perdre celui de la logique.

Y mettre ses tripes…

Lalou : je pense que l’auteur a raison. Le théâtre est un art non négligeable, et la parole transmise à travers un texte, le jeu, la mise en scène, en dit parfois plus que de longs discours. Une phrase de notre pièce dit : « le jeu des dialogues et tout ça, on sent qu il y a un truc qui vient de loin, tu vois ». Le texte peut être interprété différemment avec plusieurs points de vue, mais il est nécessaire de donner cet élan pour le jouer, et c’est ce qui définit le théâtre, cette énergie. C’est ce qui en fait le porte-parole de l’avis de l’auteur.

Sa personnalité pour emmener le spectateur

Clément : Dans la scène du metteur en scène, je dis : « Ah, j’aime Molière…. ça ne vaut pas Shakespeare, évidemment, mais j’aime Molière… bien sûr, pour un acteur, Shakespeare, c’est plus physique, c’est plus concret. Il faut jouer avec son corps. Tandis que molière… une perruque et puis c’est bon ! »
Je joue le rôle d’un metteur en scène, un peu burlesque sur les bords qui a la passion de son métier avec des idées propres à lui. Il décide de mettre Molière et Shakespeare dans des cases distinctes et fait part de son expérience théâtrale… et il sait de quoi il parle ! Ce personnage assez folklorique démontre selon moi que le théâtre, c’est la liberté de l’esprit et du corps, l’acteur s’impose avec sa personnalité et ainsi entraîne le public dans sa comédie fantaisiste.

Sérieux ou décalé ?

Milan : La citation que j’ai choisie pour illustrer le festival est : « Je ne peux pas jouer à ta place quand même !!! » Cette citation est tirée de la saynète « Le maître et le valet ». J’y tiens le rôle d’un valet avec un autre acteur qui joue mon maître. L’histoire : une erreur dans le placement des personnages va entraîner un différend qui vire au conflit.

Je trouve que cette citation reflète bien le fait que l’interprétation et la mise en scène d’un personnage sont différentes en fonction de la personnalité de l’acteur. La preuve : au festival de Josselin où nous avons joué en mai, un spectateur évoquait le fait d’avoir vu cette pièce jouée par une autre troupe. Les acteurs et le metteur en scène avaient opté pour une version « sérieuse », et nous pour une version « décalée ». Je suis d’accord avec Olivier Coyette : je trouve que le côté cartésien de la politique, de l’économie, de la science ou du journalisme est mis à l’écart grâce à l’imaginaire parfois onirique du théâtre. Le théâtre est une échappatoire à toute cette rationalité si j’ose dire.


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Anne-Marie Louër, animatrice de la troupe Ado, issue du conservatoire de Rennes : « Les jeunes comédiens des ateliers du mercredi ont voulu créer une troupe pour pouvoir participer à deux festivals par an et se produire en soirée d’improvisation avec participation du public. Depuis deux ans, ils ont dénoté par le côté décalé, poétique et toujours très impliqué. La pièce de Coyette est un regard décalé sur le théâtre avec une parodie et une vérité qu’ils ont magnifiée par leur sincérité et leur fraîcheur. Ce festival va être pour eux l’occasion de rencontrer les jeunes des troupes de Plessé, Pancé, Guémené, Allaire, Redon, et de confronter les différentes mises en scène, les visions différentes de faire du théâtre. Il y a des débats d’organisés aprés les représentations et quelques acteurs de la troupe aiment ça !!! »

Programme

A La Chapelle-de-Brain. Samedi 2 juillet : 18h-22h30, soirée ouverte au public avec spectacle de trois troupes (au début de chaque pièce, une explication du choix). La soirée se clôturera par un débriefing entre les troupes, les professionnels présents et le public qui le souhaite. Dimanche 3 juillet : 11h-12h : spectacle « Qu’est-ce ? » de la Compagnie Redonnaise Casus Délires (Théâtre de rue). Tout public. (En partenariat avec la médiathèque de La Chapelle-de-Brain) 12h30-14h30 : pique-nique convivial avec une scène ouverte. 15h-18h30 : après-midi spectacle ouvert au public avec spectacle des trois dernières troupes.

Tarifs des entrées pour le public : 3€ par jour (3 spectacles), 5€ pour les 2 jours (6 spectacles). Gratuit pour les – de 18 ans.

Informations auprès de La Fédé 02 99 72 17 46 ou lafede@lafede.fr