Vincent Berthelot, messager poète

A vélo, Vincent Berthelot a sillonné la France et a remis en mains propres des courriers à des inconnus. Un hymne à la rencontre de l’autre.

« Je suis un futur nouveau retraité, soucieux de rompre avec la vitesse, le juste à temps, les urgences, la communication permanente, la voiture. J’ai décidé de mettre à votre disposition ce temps qui m’est donné pour vous aider à entretenir un lien qui vous est cher mais que compliquent les turpitudes de la vie « moderne ». »
Ce message original, Vincent Berthelot l’a délivré pendant un an et demi autour de lui, auprès de ses proches et amis, mais aussi auprès de sa boulangère, de la « vendeuse de fringues », d’amis d’amis… La proposition interpelle mais séduit : envoyer par son intermédiaire un message à « une personne perdue de vue mais pas de coeur », comme l’y invite cet ancien enseignant, directeur de la Section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) de Bellevue à Redon.

Le moyen de locomotion servira la symbolique recherchée : Vincent Berthelot sur son vélo couché acheminera la missive sûrement mais pas à toute vitesse. A son rythme. C’est-à-dire au rythme des coups de pédale réguliers et aguerris (il n’en est pas à son premier périple à vélo), des rencontres aussi. Même si ces rencontres peuvent entraîner un tracé quelque peu modifié pour déposer en mains propres un message supplémentaire.

Au rythme des coups de pédale réguliers et aguerris…

Le grand jour est arrivé : le 14 juillet dernier. Trois jours après son départ en retraite. « Pour moi, ce voyage était comme un sas entre mon activité professionnelle et le début d’une nouvelle vie. » Trois mois à parcourir le pays et 6000 km devant soi pour, dit-il, « rompre, se retrouver, savoir ce que j’allais faire pendant les 25 prochaines années ». Et dans sa sacoche, les 66 courriers collectés.

Le triptyque du périple : un vélo, les courriers, du temps.

« Mais, il y avait aussi quelque chose en plus pour que ça marche : un certain culot. J’étais tout nu, sans enjeu, rien à vendre. » La démarche ne pouvait fonctionner que si les gens, avant le départ et pendant le périple, se saisissaient de cette perche qui leur était tendue. Une invitation à la rencontre tout simplement.

« Depuis mon départ, il n’est pas un jour sans rencontre humaine d’une richesse insoupçonnée. Ne répondant à aucune injonction touristique ou presque, je sais que chaque matin m’apportera un trésor quotidien et me lève à l’aube l’esprit serein », a écrit le voyageur dans une de ses chroniques rédigées sur le parcours. Peut-être aussi, le messager a pu ramener un peu de sérénité chez certaines personnes croisées. Comme ce jeune homme qui a saisi l’opportunité offerte par le messager à vélo pour « envoyer » un courrier à son grand-père à qui il n’avait plus donné de nouvelles depuis dix ans.

Vous pouvez retrouver l’ensemble des chroniques sur le blog de l’auteur, chroniques accompagnées par des peintures de l’artiste Annick Etrillard Houguet : http://lemessagerduclepscycle.blogspot.fr/p/chroniques-du-clepscycle_44.html

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